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A propos du voile à l'école

Ce qu’elles disent :

Elle s'appelle Tokia Saïfl. Secrétaire d'État au Développement durable, elle m'avait conviée à un déjeuner. Mais avant d'aborder le sujet de son ministère, nous avons parlé d'elle. De son père ouvrier émigré, disparu trop tôt, en laissant dix enfants, de sa mère qui parlait à peine le français, de la volonté farouche de celle-ci d'intégrer ses enfants, de leur faire faire des études. Tokia a commencé sa carrière politique à travers la vie associative, dans les cités autour de Lille. Elle connaît les milieux islamistes mieux que n'importe quel politique, de gauche comme de droite. Elle sait comment on y traite les filles. Et elle est résolument contre le port du voile à l'école. Sans aucun doute à ce sujet. Sans états d'âme.

 

Elle s'appelle Élisabeth Badinter. Dans « Fausse Route » (éditions Odile Jacob), son dernier livre, une courageuse remise en question des idées reçues sur le féminisme, elle écrit à propos du voile: " En acceptant le port du foulard dans les écoles pu­bliques, la République et la démocratie française ont peut-être fait preuve de leur to­lérance religieuse, mais elles ont carrément abandonné l'exigence de l'égalité des sexes sur le territoire national. Elles ont même lancé un message fort en sens contraire qui n'a pas été perdu pour tout le monde: faites ce que vous voulez de vos filles, ce n'est plus notre affaire.»

 

Elle s'appelle Chahdortt Djavann. Écrivain, iranienne, elle vient de publier un fulgurant réquisitoire, « Bas les voiles! » (éditions Gallimard). Elle dit: « J'ai porté dix ans le voile. C'était le voile ou la mort. Je sais de quoi je parle... Que des femmes majeures veuillent porter un voile dans la rue, ça les regarde. Mais il faut qu'il y ait des lieux où les lois républicaines s'appliquent à tous et soient supérieures aux lois religieuses. » Elle va même plus loin, affirmant qu'imposer le voile aux mineures est une contrainte barbare. Sur Europe 1, un matin, Chahdortt a terminé en larmes son interview avec Jean-Pierre Elkabbach, tant était grande sa colère.

S'il restait le moindre doute, au nom de la tolérance, au nom de la liberté individuelle, sur l'opportunité d'accepter des filles voilées en classe, ces trois témoignages l'ont balayé d'une main sûre. La ministre, la philosophe, l'écrivain, toutes venues d'horizons diffé­rents, disent la même chose: il ne peut y avoir débat sur le bien­

fondé du voile à l'école. Cela ne peut simplement pas être.

 

Marie-Claire Pauwels

Le Figaro Madame du 3 octobre 2003

 

Un article intéressant publié mi-décembre 2002 :

Elisabeth perdue dans le « 93 »

Eric Zemmour

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On la croyait disparue. Engloutie dans le monde d'hier. On avait oublié que le PS avait eu l'obligeance de lui trouver une circonscription en or à Bondy. Lundi soir, de sa permanence banlieusarde fabriquée spécialement pour l'occasion par France 2, Élisabeth Guigou était contente. D'elle. Convaincue d'avoir glissé « un petit caillou » dans la chaussure de Sarkozy.

Mais le petit caillou s'est transformé en boomerang.

Cela devient une habitude. Depuis près de deux ans. elle a le don rare de transformer l'or en plomb. Depuis que sa grande réforme constitutionnelle de la justice a été remisée au placard par Chirac; depuis qu'elle a succédé à Martine Aubry au ministère des Affaires sociales ; depuis que tout le monde se plaint d'elle, les partenaires sociaux comme les juges; depuis que les électeurs d'Avignon l'ont humiliée face à Anne-Marie Roig en 2001. Oubliée, la petite chérie de Mitterrand, la chouchou des médias. l'anti-Toubon qui n'envoyait pas d'hélicoptère dans l'Himalaya, la copine rivale de Martine, la «premier ministrable». La roche Tarpéienne est proche du Capitole. Surtout quand Ie Capitole n'est que médiatique.

Ses larmes d'Avignon n'ont pas ému grand monde. La violence avec laquelle les fonctionnaires l'ont expulsée de leur

manifestation de « défense du service public » n'a choqué personne. Les malheurs des petites filles riches font toujours rire. Comme si Élisabeth Guigou avait incarné mieux que d'autres l'arrogance de cette bourgeoisie socialiste d'État, son progressisme pathologique, sa démagogie aussi, son mépris des classes populaires, sa certitude d'avoir raison, de mener toujours les bons combats, antiraciste, féministe, antifasciste. Sa dénégation de la réalité. Son autisme.

Dans cette affaire encore, elle est convaincue d'avoir eu raison; « Il était de mon devoir de parlementaire d'alerter le ministre de l'Intérieur sur des propos inadmissibles. » Des propos de flics « inadmissibles » dans une banlieue où depuis des années, on a tout connu, trafics de drogue, tournantes, filles molestées et menacées. Et des armes aussi parfois qui sortent des caves. Auparavant, dans les commissariats, on craignait les bavures policières, les brutalités, parfois les morts. Désormais, on en est au délit d'opinion. Élisabeth Guigou veut toujours imposer sa vision du monde ouaté du jardin du Luxembourg ; transmettre sa dénégation de la réalité comme un virus. Le politiquement correct, c'est ça. Après tout, môme Sarkozy s'est senti obligé de prendre au sérieux ce qu'elle dénonçait.

C'est une professionnelle. Au sein du gouvernement Jospin, elle avait bataillé ferme contre Chevènement qui voulait enfermer ses chers « sauvageons ». Elle trouvait ce terme inadmissible. Déjà. Et Jospin lui avait donné raison. Le virus, lui aussi. Mortel.

 

Nous vous recommandons également de lire cette information sur la situation actuelle en Allemagne.

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"SUR TOUTES SES REFORMES, SCHROEDER RECULE"

Interview de René Lasserre, président de l'Université de Cergy-Pontoise et directeur du centre d'information et de recherche sur l'Allemagne contemporaine. (Le Figaro 14 décembre 2002)

LE FIGARO ÉCONOMIE. ­De quoi souffre l'économie allemande ?

René LASSERRE. - Il y a d' abord le ralentissement mondial. depuis plusieurs an­nées. accentué par le 11 sep­tembre. L'économie allemande est fortement exportatrice: Tous secteurs confondus, elle réalise un tiers de son chiffre d'affaires à l'export, mais pour ses secteurs dominants, les biens manufacturés et les biens d'équipement, elle connaît des taux d'exportation de 60 % à 80 %. Quand on est positionné sur les biens d'investissement, on trinque en premier. Elle souffre surtout des hésitations de l'économie américaine, d'autant qu'après le milieu des années 90, remise de la guerre du Golfe. elle avait fait des pro­grès considérables sur le mar­ché américain. Aujourd'hui, le manque à exporter est d'au­tant plus marqué.

L'Allemagne n'est plus une grande puissance exportatrice ?

Globalement, l'économie alle­mande ne va pas si mal en termes de compétitivité inter­nationale. Elle maintient bien ses parts de marché. Malgré le contexte sombre, elle a main­tenu sa compétitivité en prix et en qualité. Même pour les coûts salariaux, Un dossier sur lequel elle est en difficulté car ces coûts sont élevés. elle a maintenu l'essentiel de sa productivité.

Où est le problème, alors ?

Dans la redistribution à l'intérieur de l'Allemagne. Le système de solidarité affaiblit le pays. Il n'y a plus de demande intérieure. Vous avez 80 millions d'habitants et la consom­mation est à plat. Les prélève­ments indirects sont trop élevés. La réunification conti­nue de coûter chaque année 4 % du PIB, c'est-à-dire plus que la limite de 3 % que le Pacte de stabilité fixe au déficit public. L'économie est-allemande repart trop lentement et avec des coûts de transfert trop lourds pour que son développement soit autoporté.

L'est reste sous transfusion en termes d'équipements et d'infrastructures publics et surtout en termes de solidarité. Le sous-emploi réel y atteint 30% de la population active. A cela s'ajoute le poids de la dette accumulée depuis douze ans. La dette a doublé en dix ans et le service de la dette constitue au­jourd'hui le premier poste budgétaire.

Le coût de la réunification n'explique tout de même pas tout ?

L'autre grande anomalie, c'est le système de protection sociale. L'Allemagne vit largement au-dessus de ses moyens. Du fait du vieillissement de la population, la santé est de plus en plus chère. Les coûts de retraite continuent d'augmenter car l'espérance de vie augmente. Cela handicape la croissance interne car le système se traduit par des prélèvements fiscaux et sociaux qui grèvent investissements et dépenses des ménages. Les prélèvements obligatoires sont passés de 38 % en 1989 à 44 % aujourd'hui, Les dépenses publiques dépassent 50 % du PIB.

Gerhard Schroder peut-il sauver l'économie allemande ?

Je n'en ai pas l'impression. Même Kohl n'avait pas réussi à réformer le système social et les finances pUbliques. En plus c'est Un système fédéral où la planification financière est complexe car les Lander dé­pensent beaucoup d'argent, les communes sont très endettées. Le déficit se creuse hors du contrôle central. Il faut modifier toute l' équation financière du fédéralisme. Tout le monde paye pour tout le monde, ce qui n'incite personne à la rigueur.

Schroder a tout de même lancé une audacieuse réforme fiscale.

C'était une bonne réforme qui redonnait du pouvoir d'achat aux ménages et aux entre­prises, mais depuis sa réélec­tion, il diffère ses effets. il vient même d'imposer à 15% toutes les plus-values boursières, ce qui va nuire à la Bourse. II avait introduit 10% de capita­lisation volontaire dans les re­traites, mais il est en train de la rendre obligatoire en la fis­calisant. Partout, il revient en arrière sous la pression de ses alliés syndicaux. Et surtout des Verts qui sont, économiquement, totalement irresponsables.